Ce matin, je me réveille et comme une bonne majorité de personnes j’ai la mauvaise habitude de prendre mon téléphone pour regarder les nouvelles. Je sais très bien que pour ma santé mentale, je devrais me laisser un peu de temps pour respirer, regarder le vide, faire le point sur ma journée, mon état. C’est particulièrement vrai aujourd’hui, surtout lorsque je commence à lire le dossier de La Presse sur des histoires effarantes d’abus de pouvoir et d’interventions bâclées.
Faussetés et omissions à la DPJ : https://www.lapresse.ca/actualites/faussetes-et-omissions-a-la-dpj/2024-10-09/quand-la-dpj-lese-elle-meme-les-enfants.php#
La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a brimé les droits de dizaines d’enfants, placés trop rapidement en banque mixte en vue d’être adoptés, révèle un document interne émanant de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ) que La Presse a obtenu.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que la DPJ de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec fait la manchette.
DPJ Mauricie et Centre-du-Québec : les mesures de contention et d’isolement ont doublé : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2074708/dpj-jeunes-isolement-contention-ciusss-mauricie
La DPJ de la Mauricie-et-Centre-du-Québec à nouveau sous enquête : https://www.lenouvelliste.ca/actualites/actualites-locales/2023/06/02/la-dpj-de-la-mauricie-et-centre-du-quebec-a-nouveau-sous-enquete-376C2OSOXVHSXDEPSZFSAXCRGQ/
Les intervenants de la DPJ Mauricie–Centre-du-Québec désertent : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1771693/intervenants-dpj-mauricie-centre-du-quebec-desertent
Allégations de lésions de droits : la DPJ Mauricie-et-Centre-du-Québec en eaux troubles : https://www.lenouvelliste.ca/actualites/actualites-locales/2024/06/19/allegations-de-lesions-de-droits-la-dpj-mauricie-et-centre-du-quebec-en-eaux-troubles-I5UP3WCPY5HTZB343OBXWWGNSY/
La DPJ de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec défend ses intervenants : https://www.lenouvelliste.ca/2023/02/06/la-dpj-de-la-mauricie-et-du-centre-du-quebec-defend-ses-intervenants-019b808495c6c8eea26c3a94964ab944/
DPJ : la Mauricie parmi les plus touchées par les délais de traitement des tribunaux : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2011659/dpj-delais-tribunaux-batonniere
Tout va très bien, Madame la Marquise.
En intervention, il est préférable d’éviter de prendre position. Il est préférable de tenter de faire la part des choses lorsqu’une personne vit une situation difficile. Généralement, lorsque j’accompagne des parents qui ont reçu un signalement, je prends le temps de décortiquer la situation, comprendre la posture de la DPJ, écouter le parent. Voir comment les versions s’arriment, voir s’il est possible de nuancer les positions, de faire en sorte que les parents ne se braquent pas ; trouver une manière de collaborer. Toutefois, cette posture objective est parfois impossible à maintenir.
La relation famille/DPJ en est une inégale. La DPJ a tout le pouvoir sur une situation. Lorsqu’un signalement est retenu, que ce soit des mesures volontaires ou non, c’est la DPJ qui détermine le parcours à suivre pour se rendre à une fermeture de dossier. Par expérience, le traitement et l’accompagnement d’un dossier à l’autre sont très inégaux. Plusieurs familles vous le diront : tout dépend de l’intervenant qui prend en charge le dossier.
J’ai vu le meilleur, comme le pire. Des situations où les parents n’étaient pas collaborants. D’autres situations où les intervenants étaient intransigeants, où la DPJ demandait rien de moins que la perfection ; des standards auxquelles la plupart des parents auraient de la difficulté à maintenir. J’ai vu des familles tout faire pour contourner les conditions, les plans d’interventions, aux vues et aux sues de la DPJ. J’ai vu la DPJ bâcler son travail, ne pas faire les visites qu’elle a promises. Dans tous les cas, c’est souvent la parole de l’un contre la parole de l’autre.
Toutefois, ce ne sont pas les familles qui ont le pouvoir, ni même les intervenants qui les accompagnent. Se faire enlever ses enfants est déjà une expérience pénible. Avoir à se battre pour faire valoir ses droits dans cette situation est parfois hors de la portée des parents ; c’est tout simplement trop émotionnellement. En tant qu’accompagnant, après avoir écouté, supporté, réfléchis et mis en place des stratégies pour tenter de répondre aux exigences, produits des rapports, tenter d’interpeller directement les intervenants de la DPJ sans grand succès, vient la colère.
Ce matin en buvant mon café, en écrivant ce billet, des histoires m’habitent. Je me rappelle que ma colère doit être constructive ; ne pas nuire, me recentrer sur le besoin de l’autre. Mais la colère est légitime, elle informe de quelque chose, d’un besoin qui cherche à s’exprimer. Dans mon cas, c’est un sentiment d’injustice, d’impuissance face à des problématiques systémiques. Manque de personnel, manque d’encadrement et de supervision clinique, manque de temps, manque d’amour et d’empathie.
Je conclurai ce billet sur quelques conseils à toutes les familles qui ont/auront à vivre avec un signalement à la DPJ : notez tout. Gardez des traces écrites de vos rencontres, des discussions téléphoniques, de ce qui a été fait ou non. Priorisez le courriel comme manière d’échange, que ce soit avec vos intervenants qu’avec un ex-conjoint avec qui il pourrait y avoir litige. Soyez honnête : avec vous même face à votre part de responsabilité dans ce qui a mené au signalement, mais aussi avec vos intervenants. La collaboration et la bonne entente restent la meilleure avenue dans ce genre de situation.
Se préparer au pire, espérer le meilleur, prendre ce qui vient.
(Quelques instants à peine après avoir conclu l'écriture et la publication de ce billet que la nouvelle de la mise sous tutelle de la DPJ Mauricie-Centre-du-Québec est tombée : https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2024-10-09/droits-brimes/la-dpj-de-la-mauricie-et-du-centre-du-quebec-placee-sous-tutelle.php)
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