La semaine qui se termine était celle des enseignantes et enseignants. Je profite donc de cette occasion pour leur dédier ce nouveau texte. L’intervention et l’enseignement partagent beaucoup de similitudes au niveau des exigences de leurs professions respectives. Passion jusqu’à la limite du dévouement, capacité d’adaptation pour être en mesure de composer avec la multitude d’êtres humains en devenir qu’ils côtoient, patience et créativité pour tenter d’ouvrir des oreilles qui parfois veulent rester fermées. Obligation de composer avec un système qui ne fait pas toujours du sens, frustration de ne pas avoir les ressources nécessaires pour soutenir ceux qui n’y arrivent pas, manque de temps pour accomplir toutes les tâches, manque de reconnaissance aussi.
Bien que je n’aie toujours pas eu la chance de travailler directement comme éducateur en milieu scolaire, j’ai eu à travailler en collaboration à de nombreuses reprises autant avec les professeurs qu’avec le personnel de soutien. Rôles si différents, mais ô combien complémentaires. Quand les choses ne tournent pas rond à la maison ou quand tout semble aller bien, mais qu’à l’intérieur le jeune est en détresse, ce sont eux la première ligne d’action pour repérer et agir sur les difficultés. L’école n’est pas qu’un lieu où l’on apprend à socialiser, à se conformer à la société, parfois à devenir des citoyens critiques, non. C’est d’abord et avant tout un filet de sécurité qui peut changer tout le parcours d’une personne. Pas tant à cause des matières qui y sont enseignées plus qu’aux modèles adultes que l’on y côtoie.
Le sont-ils tous? Non, pas toujours. Cependant ce n’est qu’une rencontre à cet âge crucial qui peut faire toute la différence. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui me motive tous les jours où j’exerce mon métier. C’est aussi pourquoi j’aime tant travailler avec les adolescents, surtout lorsqu’ils sont pleins d’attitudes. Même si parfois la coquille est difficile à ouvrir et que les confidences sont lentes à venir, même lorsque nous croyions nos tentatives vaines, il faut garder en tête que les jeunes sont toujours à l’écoute. L’apprentissage par observation est parfois beaucoup plus puissant que tous les mots que nous pouvons utiliser pour tenter d’expliquer, d’offrir du support, d’enseigner. C’est souvent les plus petits gestes qui n’ont rien à voir avec la fonction principale que nous occupons qui comptent le plus et qui ont pour eux le plus de sens.
À de nombreuses reprises, je me suis demandé : comment j’aurais aimé qu’un intervenant soit avec moi quand j’étais adolescent? Les exemples qui me viennent en tête n’occupaient pas des rôles d’interventions, c’étaient des professeurs. Je pense à Johanne qui avant même que j’en sois conscient m’a appris à exprimer mes émotions par la musique. Je pense à Annie-Claude et Yves qui m’ont dit les mots que j’avais besoin d’entendre à des moments cruciaux. Je pense à ces professeurs dont j’oublie le nom, mais dont je vois toujours le visage, m’insuffler leur passion de l’histoire et de la littérature, passion qui m’habite à mon tour. À vous tous, ainsi qu’à tous les autres qui ont parsemé mon parcours, merci!
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