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Persévérer… mais pourquoi?

Je débuterai ce texte en soulignant le courage de tous celles et ceux qui, malgré les épreuves de la vie, malgré les troubles d’apprentissages et autres défis, font le choix de persévérer. Que ce soient un jeune de 18 ans qui peine à finir ses études, un adulte de 55 ans qui finit son secondaire avec fierté ou cet autre qui à 30 ans réalise qu’il n’a pas fait le bon choix et se redirige dans un autre domaine, vous avez toute mon admiration. À tous ces professeurs et intervenants qui les soutiennent à travers leur parcours, qui travaillent à semer l’espoir et surmonter les difficultés, merci et bravo!


Toutefois, il semble légitime de se poser la question à savoir si une semaine par année pour souligner la persévérance scolaire est suffisante pour surmonter les difficultés qui se cachent derrière. Considérant qu’il a été largement documenté dans les dernières années que nos écoles tombent en ruine[1], qu’il manque d’intervenants de tout type de professions ainsi que du financement pour les engager[2], qu’il y a des inquiétudes au sujet de la santé mentale des enseignants depuis bien avant la pandémie[3]… Ça semble être l’entièreté du réseau scolaire qui a besoin de support pour persévérer dans sa mission première qu’est l’enseignement.


Est-ce vraiment sa mission première? Lorsque l’on prend en considération que la principale mesure pour quantifier la réussite et la persévérance scolaire est le taux de diplomation et de qualification,[4] nous pouvons nous questionner sur les réels objectifs de notre système d’éducation. Est-ce que l’on valorise l’apprentissage? Est-ce que l’on permet aux jeunes de devenir des citoyens critiques, conscients de ce qui les attend réellement à la sortie de l’école? Sont-ils réellement prêts à faire un choix de carrière à 16 ans? Ne serait-ce pas plutôt la performance qui est mise de l’avant? Devenir un citoyen, certes. Un citoyen qui produit, consomme et performe.


Le tout devient encore plus inquiétant et concret lorsque des chercheurs notent que dans les écoles : ‘’la philosophie de gestion tourne autour d’un discours positif visant à mousser l’enthousiasme et la résilience face à l’adversité, et qui interprète les situations de surcharge comme un problème personnel de l’enseignant incapable de gérer son temps de travail et son désenchantement comme étant un manque de vocation pour l’enseignement. […] S’ajoutent à cette philosophie de gestion de fortes pressions de performance, où l’élève et le parent sont désormais des clients et où la performance de l’enseignant est jugée selon la réussite de ses élèves.’’[5] Et le jeune dans tout ça? Il doit persévérer! Bien sûr, absolument d’accord! Mais pourquoi? Comment? Est-ce qu’un modèle unique en éducation peut réellement convenir à tous les individus qui sont d’âge de fréquentation scolaire?


Heureusement des alternatives s’offrent. Il y a des OBNL tel que l’Ancre des jeunes et la Maison de Jonathan qui offrent des parcours alternatifs pour des jeunes qui en ont besoin. Il y a aussi des organismes communautaires comme Toujours Ensemble ou Je passe partout qui offre des services d’aide aux devoirs, mais aussi qui viennent en aide à leurs parents. Il y a aussi des écoles alternatives qui offrent des modèles d’apprentissages différents… Surtout, il y a des êtres humains exceptionnels qui, même à bout de souffle, font tout pour insuffler un peu d’espoir et de sens aux parcours de milliers de jeunes au quotidien…! Je conclurai ce texte en disant simplement à tous ceux qui n’ont pas réussi dans les temps, qui cherchent encore le sens d’être ou de retourner à l’école, qui n’ont pas encore trouvé de solutions à leurs difficultés : il n’est jamais trop tard.

[1] Apprendre dans des écoles qui tombent en ruine (page consultée le 18 février 2022) [en ligne], https://www.lapresse.ca/contexte/2021-10-17/l-edito-vous-repond/apprendre-dans-des-ecoles-qui-tombent-en-ruine.php [2] Professionnels des commissions scolaires : des disparités importantes (page consultée le 18 février 2022) [en ligne], https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1172632/professionnels-commissions-scolaires-disparites-regionales-importantes-eleves-difficultes-apprentissage [3] La FAE s’inquiète de la santé psychologique des enseignants (page consultée le 18 février 2022) [en ligne], https://www.ledevoir.com/societe/education/513701/la-fae-s-inquiete-de-la-sante-psychologique-des-enseignants [4] Persévérance scolaire (page consultée le 18 février 2022) [en ligne], https://www.reseaureussitemontreal.ca/perseverance-a-montreal/perseverance-et-decrochage/perseverance-scolaire/ [5] La FAE s’inquiète de la santé psychologique des enseignants (page consultée le 18 février 2022) [en ligne], https://www.ledevoir.com/societe/education/513701/la-fae-s-inquiete-de-la-sante-psychologique-des-enseignants

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