Lorsqu’une personne est victime d’une agression ou a vécu un trauma et est aux prises avec des difficultés fonctionnelles, le simple fait de devoir remplir un formulaire peut devenir une véritable montagne. Comme mentionné dans une publication précédente, l’IVAC n’offre aucun soutien psychosocial, aucun accompagnement pour faire une demande. Voici d’ailleurs un article qui raconte les difficultés qui y sont associées :
Indemnisation des victimes : « On aurait besoin que l’IVAC nous tienne par la main » : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1953361/aide-justice-palais-ivac-bellemare-point-appui
Bien qu’en apparence simple, le formulaire à remplir peut être très confrontant. En effet, il est nécessaire de donner le plus d’informations possible sur l’infraction criminelle vécue, ainsi que sur les symptômes et limitations qui affectent la personne. Il est important de savoir qu’une plainte formelle à la police ne doit pas avoir obligatoirement été faite en lien avec les événements vécus. Toutefois, le plus d’informations vous avez à transmettre pour soutenir votre demande, le mieux c’est.
Qu’est-ce que je veux dire par là ? Tout d’abord, si un intervenant vous accompagne déjà dans le processus, ce dernier peut produire un rapport des observations faites (événements, difficultés vécues, recommandations pour la suite) lors de vos rencontres. Un autre formulaire existe à faire remplir par votre médecin de famille (si vous avez accès à un) que ce soit pour informer d’un diagnostic ou pour soutenir une demande de soin. Évidemment, si vous avez un rapport de police, un jugement de cours, etc., il est important de le joindre à votre demande.
Il est aussi possible de joindre les coordonnées de personnes ayant été témoins de l’événement et de ses impacts. Certains types d’événements (ex. : agressions sexuelles) n’ont pas nécessairement de témoin direct. Toutefois, si vous vous êtes confié à des parents, amis, professeurs, etc., au moment des faits, il est possible de les utiliser comme témoins. À noter, tout comme le rapport de police, qu’il n’est pas obligatoire d’avoir des témoins pour qu’une demande soit déposée ou acceptée.
Évidemment, tout ça semble si simple… et ça peut l’être, avec le bon accompagnement. Si vous venez de vivre une agression ou un acte criminel, et que vous n’avez pas déjà quelqu’un pour vous accompagner, il existe deux ressources qui pourraient vous soutenir dans le processus de demande d’indemnisation :
Les CAVACS : Les Centres d’Aides aux Victimes d’Actes Criminels sont présents partout au Québec et offrent des services de première ligne à toutes les personnes victimes d’un acte criminel, ainsi qu’à ses proches, complètement gratuitement.
Les CALACS : Les Centres d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère sexuel sont aussi présents dans toutes les régions du Québec, et offrent aussi des services de premières lignes aux femmes et adolescentes, ainsi qu’aux hommes dépendamment des régions, qui ont été victime d’une agression sexuelle. Au-delà des rencontres gratuites, différents services sont aussi offerts.
Une fois le formulaire envoyé, c’est le jeu de l’attente qui commence. Par expérience, cela peut prendre entre trois et six mois avant d’avoir une réponse de la part de l’IVAC. Durant ce délai, les CAVACS et CALACS peuvent poursuivre leur accompagnement. Ils peuvent aussi vous aider à trouver des intervenants en mesure d’accepter les mandats IVAC. Les mandats, en gros, sont des autorisations de remboursements des rencontres avec le professionnel.
Deux types de suivi existent : la réhabilitation psychothérapique et la réhabilitation psychosociale. Le premier ne peut être dispensé que par les psychologues ou détenir un permis de psychothérapeute reconnu par l’Ordre des Psychologues du Québec. Malheureusement, il y a une pénurie de psychologues et psychothérapeutes qui acceptent les mandats IVAC.
Plus de victimes d’actes criminels, mais moins de psychologues pour les aider : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1927151/plus-de-victimes-dactes-criminels-mais-moins-de-psychologues-pour-les-aider
Ce qui est éminemment triste dans cet article, c’est qu’il n’est fait aucune mention du deuxième type de suivi : la réhabilitation psychosociale. Tel que décrit sur le site de l’IVAC :
Le suivi psychosocial vise à outiller la personne victime ou le sauveteur pour l’aider à travailler sur les difficultés rencontrées sur le plan personnel, familial, social et environnemental à la suite de l’infraction criminelle subie ou du secours porté bénévolement (p. ex. : retrouver une routine, rétablir une saine hygiène de vie, améliorer la gestion du stress, etc.).
Les éducateurs spécialisés, les travailleurs sociaux, les psychoéducateurs, les sexologues, les conseillers en orientation, etc., sont tous habiletés à offrir ce genre de services. Bien que la situation est abordée sous un angle différent, l’efficacité n’est pas nécessairement moindre qu’une psychothérapie si vous trouvez le bon intervenant. C’est là que réside la plus grande difficulté : comment se retrouver à travers toutes ces professions ? Comment savoir si les professionnels acceptent ou non les mandats IVAC ?
À nouveau, les CALACS et CAVACS viennent à votre rescousse. Comme il n’existe pas un répertoire unique pour trouver des professionnels acceptant les mandats, de manière générale chacun des centres crée leur propre liste de référencement. Certains organismes communautaires prennent aussi ce genre d’initiative. Sinon, il est toujours possible de vous tourner vers les sites des différents Ordres et Associations de professionnels mentionnés dans le présent billet.
Dans ma prochaine publication sur le sujet, j’aborderai les fameuses mailles dans le filet de l’IVAC qui ont défrayé les manchettes dans les derniers mois. D’ici là, si vous avez des questions sur le processus détaillé dans cette entrée, ou si vous désirez amorcer un suivi, n’hésitez pas à communiquer avec moi ! #IVAC #dépendance #santémentale #éducationspécialisé
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