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L'art perdu de la solitude

L’ensemble de nos sens sont constamment sollicités. Nous sommes sans cesse assaillis par des informations que notre cerveau reçoit, analyse et interprète pour que le tout nous soit intelligible. Prenez quelques secondes de votre lecture pour vous arrêter, pour prendre conscience de tous les sons qui vous entourent, pour constater le nombre d’écrans qui vous regardent et projettent leurs milliers de pixels lumineux. Attardez-vous aux odeurs et sensations tactiles ressenties. Pendant que nous y sommes, demandez vous aussi à combien d’occasions dans votre journée vous êtes seul, réellement. Pas d’interaction sociale, pas de distraction, simplement vous et vos pensées. Êtes-vous confortable avec ces réflexions ?


Peut-être faites-vous du Yoga ou de la méditation guidée, de la course à pied ou des entraînements à la maison et vous vous dites que c’est suffisant pour vous ressourcer. Peut-être faites-vous de la randonnée ou du ski de fond une fois aux deux semaines qui vous énergisent pour un temps. Encore faut-il avoir le temps et la motivation pour le faire ! Et pourtant la solution est peut-être plus simple et accessible que vous l’imaginiez. En effet, suite à des recherches effectuées dans les années 90, il a été découvert qu’il y a une zone du cerveau spécifique qui s’active uniquement lorsque nous laissons nos pensées vagabonder[1]. En 2016, selon une autre étude à découvert que chez les personnes se permettant plus régulièrement ces moments, le cortex frontal était plus épais[2]. Cette zone est importante dans la maîtrise de ses faits et gestes au quotidien. Ces pauses dans le silence pris fréquemment pourraient donc favoriser non seulement le contrôle de soi, mais aussi l’inventivité et l’imagination[3].


Perte de temps, dites-vous ?


Ces temps pour soi si improductifs à laisser libre cours à vos pensées font partie d’un équilibre nécessaire à avoir. Le fruit de vos réflexions pourrait vous permettre de rêver votre vie parfaite en plus de vous guider à la marche à suivre pour y arriver. Il pourrait aussi vous indiquer que quelque chose cloche, qu’il y a un problème et qu’il est important de s’y arrêter. Nos pensées ne seront pas toujours positives et c’est parfois ce qui nous découragera à nous confronter à notre discours interne. Apprivoiser le silence pour être confortable avec sa propre voix intérieure ainsi que ses émotions est un apprentissage qui peut être difficile, mais qui, à long terme, est bénéfique.


Dans cette nouvelle réalité où le travail a littéralement envahi nos sphères de vie privée, je constate régulièrement une immense culpabilité ressentie à l’idée même de prendre du temps pour soi. Trop souvent les limites sont dépassées et la santé mentale mise à mal non seulement par la pandémie qui sévit, mais aussi par des dynamiques sociales qui étaient présentes bien avant celle-ci. Il faut donc garder en tête qu’au-delà de toutes les stratégies que nous pouvons imaginer pour nous connecter à notre for intérieur, il y a des choses dont nous ne sommes pas responsables. Une réflexion de société s’impose à long terme pour éviter que les êtres humains ne soient perçus que comme des outils de production de masse !

[1] Anna VON HOPFFGARTEN. Silence, réveillez-vous… Cerveau & Psycho. Janvier 2022 ; numéro 139 p.46. [2] Ibid. P.44 [3] Ibid. P.44

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